25/10/2021
Je vous fais part dans cet article de ma réflexion en qualité de comportementaliste sur la nécessité de donner une alimentation adaptée à son animal. Cette réflexion est basée sur mes connaissances théoriques mais elle contient également un article rédigé par le Dr. Devaux Charlotte (vétérinaire spécialisée en nutrition) sur les risques de donner une alimentation à base de viande crue.
Le but étant de vous apporter des éléments sérieux et complémentaires afin de faire votre choix dans une démarche responsable, sur la forme alimentaire que vous souhaitez offrir à votre chien ou votre chat.
Donner une alimentation qui apporte plaisir, apaisement et satiété est une clé essentielle au bien-être et à l'équilibre psychique de l'animal. Celui-ci doit pouvoir prendre le temps de sentir, gouter, mastiquer, lécher et croquer. Il doit pouvoir manger sans être frustré ni se sentir importuné ou en danger. Cela veut dire qu'il faut tenir compte de ce que nous lui proposons à manger mais il faut également tenir compte de facteurs environnementaux (endroit du nourrissage, temps de nourrissage, activités autour du nourrissage, moment du nourrissage ...) afin qu'ils soient adaptés à ses besoins spécifiques.
Plusieurs formes alimentaires nous sont proposées à ce jour pour nourrir nos chiens et nos chats (croquettes, pâtée, BARF, ration ménagère, ration mixte ...). Le tout est de choisir celles qui sont adaptées à l'individualité de notre animal (physiologique et psychologique). Pour y arriver, il faut prendre en compte les bénéfices/risques de chacune d'entre elles. Le plus sage est de se faire conseiller par un spécialiste en la matière afin de ne pas commettre d'erreurs car la nutrition est une vraie science qu'il faut savoir maitriser.
Les conséquences d'un déficit nutritionnel ne sont pas forcément visibles immédiatement. Elles peuvent apparaitre au bout de quelques mois, voire des plusieurs années. Elles peuvent être graves voire fatales pour l'animal (parasitose, dénutrition, dégénérescence cellulaire, malformation, maladie chronique, affection ou tumeur...).
Ce que l'on sait moins, ce sont les conséquences lors d'une prise alimentaire répétée sous certaines formes. Elles peuvent être dangereuses pour l'environnement de l'animal comme l'explique très factuellement (rapports d'études à l'appui), le Dr.Devaux Charlotte (spécialiste en nutrition vétérinaire) dans l'article ci-dessous sur l'ingestion de viande crue.
Loin de moi l'idée de vouloir faire culpabiliser ou d'accabler ceux qui donnent du cru à leurs animaux, il me semblait important (par respect pour eux et pour leurs animaux), de leur apporter des indications complémentaires. Cela vaut également pour ceux qui n'auraient pas encore essayé et qui se poseraient des questions à ce sujet.
Pour ma part, je ne mangerai pas de viande crue ou de poisson cru tous les jours par peur des risques de la contamination par les micro-organismes que cela comporte. Il me semble donc naturel de ne pas faire subir ce risque à mes animaux. Cependant chacun est libre de ses choix. Il est important dans tous les cas, de comprendre la teneur de ceux-ci afin de prendre des décisions responsables et bienveillantes envers nos animaux. Cet article pourra peut-être vous y aider et c'est dans ce but uniquement que je le partage ici.
Bonne lecture à vous !
Article publié le 13.10.2021 par le Dr. DEVAUX Charlotte (vétérinaire spécialisée en nutrition) – Source linkedin.
https://www.linkedin.com/pulse/la-mode-de-viande-crue-tue-charlotte-devaux/
Le cru est considéré par ses adeptes comme la panacée absolue, capable de guérir jusqu’à la leishmaniose. Dans une étude sur les motivations des propriétaires à donner un régime cru à leur animal, la première était « pour respecter la nature carnivore ancestrale du chien », et la deuxième « pour donner au chien une alimentation plus saine » (Morelli et al. 2019). Mais le cru est-ce plus sain ?
La viande crue est avant toute chose un aliment contaminé. Durant la vie de l’animal le muscle est stérile mais lors de l’abattage l’étape d’éviscération et de retrait de la peau répand des bactéries superficiellement sur la carcasse. La viande devient alors un aliment contaminé. Lorsque celle-ci est broyée les bactéries sont disséminées dans tout l’aliment. C’est pourquoi les viandes hachées sont considérées comme des produits fragiles à consommer rapidement et cuit à cœur.
Petit tour d’horizon de la littérature concernant la contamination des aliments à base de viande crue :
- Canada 2002 : 80% des rations BARF maison étudiées sont contaminées par des salmonelles. 30% des chiens consommant ces rations les excrètent dans leurs selles contre aucun de ceux mangeant un aliment industriel (Joffe and Schlesinger 2002).
- Etats-Unis 2003 : diagnostic de septicémie dû à une salmonellose sur deux chats présentés pour autopsie. Ils étaient nourris au BARF maison. Les mêmes salmonelles ont été retrouvés dans les organes des chats et sur la viande de bœuf crue utilisée pour les nourrir (Stiver et al. 2003).
- Canada 2005 : sur 25 aliments crus pour chiens et chats analysés des coliformes ont été retrouvés dans tous les échantillons. 64% des aliments contenaient des Escherichi coli, 20% des salmonelles, 20% des clostridium et 4% des staphylocoques dorés. Une souche toxinogène de Clostridium difficile a été isolée dans un aliment à base de dinde (Weese, Rousseau, and Arroyo 2005).
- Royaume-Uni 2005 : 70% des échantillons de viande de poulet vendus au détail (boucherie et supermarchés) pour la consommation humaine étaient contaminés par des campylobacter et 4% par des salmonelles (Meldrum and Wilson 2007).
- Canada 2006 : les chiens d’assistance nourris au cru (soit 20% des chiens étudiés) ou recevant des oreilles de cochon étaient plus à risque d’héberger des salmonelles et des Escherichia coli. La conclusion de l’étude était : "Nous recommandons que les chiens nourris à la viande crue soient exclus des programmes d'intervention assistée par l'animal. Nous recommandons également d'éviter de nourrir les chiens avec de la viande crue dans les foyers où vivent des personnes immunodéprimées. " (Lefebvre et al. 2008)
- Etats Unis 2014 : sur 480 échantillons de croquettes analysés, un contenait des salmonelles et l’autre des Listeria soit un taux de contamination des croquettes de 0,4%. Sur les 253 aliments crus analysés, 88 étaient contaminés au choix par des salmonelles, des listeria ou des escherichia coli. Cela représente un taux de contamination des aliments crus de 35% (Nemser et al. 2014).
- Etats unis 2017 : 78% des aliments à base de viande crue pour chats étudiés contenaient des entérobactéries résistantes (beta-lactamase à spectre étendu). 90% des chats consommant ces aliments excrétaient ces bactéries dans leurs selles contre 6% des chats consommant des croquettes (Baede et al. 2017).
- Australie 2017 : 96% des chiens ayant déclenchés une polyradiculonévrite aigue (pouvant être provoquée par campylobacter) ont consommé du poulet cru contre 26% des chiens témoins. Les chiens ayant eu une polyradiculonévrite étaient 9,4 fois plus susceptibles d'être positifs pour Campylobacter spp par rapport aux chiens témoins. La conclusion de l’étude est « La consommation de poulet cru est un facteur de risque de développement de polyradiculonévrite chez les chiens » (Martinez-Anton et al. 2018).
- Floride 2017 : un chiot mort d’une entérocolite bactérienne due à une salmonelle retrouvée dans son aliment cru. Deux chatons persans morts après qu’un aliment cru contenant trois sérovars différents de Salmonella a été introduit dans l’élevage (Jones et al. 2019).
- Pays-Bas 2018 : sur 35 aliments broyés crus industriels de 8 marques différentes des Escherichia coli résistantes (productrice de beta-lactamase à large spectre) ont été retrouvées dans 80% des produits, des listeria dans 54% et des salmonelles dans 20% des produits. Concernant les parasites 22% contenaient des sarcocystis et 6% des toxoplasmes (Bree et al. 2018).
- Royaume-Uni 2019 : 60 aliments crus industriels de 10 fabriquant différents ont été analysés. Ils contenaient TOUS des enterobactéries dont 50% plus que la limite légale. 2 échantillons contenaient plus de clostridium perfringens que la limite légale. 7% contenaient des salmonelles et 5% des campylobacters (Hellgren et al. 2019).
- Italie 2019 : 28 % des personnes nourrissant leur chien au cru vivent avec des femmes enceintes, de jeunes enfants, des personnes âgées ou des malades chroniques (Morelli et al. 2019).
- Brésil 2020 : 35% des chiens nourris au cru étudiés étaient en contact avec au moins une personne à haut risque d'infection (moins de 5 ans, plus de 65 ans, personne immunodéprimée ou femme enceinte). Les analyses de selles ont montré que les chiens nourris au cru avaient 30 fois plus de risque d’être porteur de salmonelle (Viegas et al. 2020).
- Royaume-Uni 2020 : 47 chats ayant consommé un aliment à base de gibier cru contractent la tuberculose. 83 autres chats sont diagnostiqués atteints mais ne développent pas de symptômes. 4 propriétaires et une vétérinaire sont contaminés. L’aliment est rappelé par le fabricant pour échec de l'inspection réglementaire des viandes de gibier (O’Halloran et al. 2020).
Loin d’être plus sains, les aliments crus, surtout ceux industriels et broyés sont des aliments contaminés potentiellement vecteurs de bactéries multirésistantes. Ils représentent un danger pour la santé publique. Les animaux nourris au cru ne devraient jamais être en contact avec des publics sensibles : jeunes enfants, femmes enceintes, personne âgées ou immunodéprimées.